[Mentorship] De la Cambie dress à Churchill
Et là je me suis dit : "c'est le drame!"
Est-ce que j'allais la rouler en boule et sauter fréntiquement dessus jusqu'à ce que déchiquetage s'ensuive? La brûler sous le fer à repasser? La découper en tout petits morceaux pour servir de rembourrage à mon prochain arigumi, si tant est que j'en réalise un, un jour?
Mais avant que je passe à l'acte, Churchill m'a arrêtée et m'a dit : [...]
Bon là, je pense qu'une mise en contexte s'impose, parce que vous ne comprenez absolument pas ce que Winston vient faire là, voire vous vous demandez tout simplement si je n'aurais pas abusé de certaines substances illicites. Revenons donc quelques heures auparavant, au commencement.
Alors que j'avais pu m'en passer pendant des années, je ne sais pourquoi soudainement il me la fallait immédiatement. La Cambie dress de Sewaholic. LA robe au décolleté en coeur si féminin qui donne une ligne de rêve. Je suis tombée en pâmoison totale devant les petites manches froncées. Et surtout j'ai découvert qu'il existait une possibilité pour éviter la jupe froncée, certes très jolie, mais qui lui donnait un petit air de princesse en promenade, statut qui n'est pas des plus facile à allier à la vie de bureau. Il y a avait donc une version A avec des poches italiennes. Hiiiiiii! Bref, il me la fallait.
Sans trop réfléchir, telle Lucky Luke de la CB, j'ai dégainé mon compte Paypal et Cambie fut mienne. Sur le moment, je n'ai pas trop réfléchit à la possible adéquation d'un patron spécialement conçu pour des morphologies en poire alors que la mienne est droite comme un piquet rectanguleux. Erreur. Ni que le bonnet visait les sommets C plutôt que la colline A. Deuxième erreur. Bref sur ce coup là, j'aurais mieux dû suivre les réflexions méandreuses de Rantanplan et attendre un peu.
J'ai été quelques peu décontenancée devant le tableau des mesures. Mon buste et ma taille écopent d'une taille 6, rien de très alarmant jusqu'à là, j'étais même plutôt satisfaite d'avoir ma taille enfin alignée sur mon buste. Mais concernant les hanches... J'aurais à priori dû prendre une taille 0! Si l'on s'arrêtait à ce seul tableau de mesures, l'on aurait pu croire que la nature m'avait dotée d'une légère difformité. Genre que je stockais toute la graisse incurgitée dans la partie mammaire telle cette chère Pamela et que j'allais prochainement accouchée d'un couscous géant. Bon rien de tout ça, je fais toujours un bonnet A et il faut toujours que je rentre mon popotin proéminent lorsqu'il s'agit d'enfiler un jean. Résultat de ma profonde réfléxion : j'ai décidé de tout miser sur l'harmonie du modèle et ai tout cousu en taille 6, quitte à m'enfiler deux trois plaquettes de chocolat au passage s'il fallait gonfler les fesses.
Après m'être appliquée sur les raccords lors de la coupe, cousu avec application et ardeur, je passe à l'essayage final devant le miroir, et là je me suis dit : "c'est le drame!".
Voilà donc pour le début de l'histoire. Quand je connaît un désastre couturistique, c'est comme si une tempête de déprime s'abattait sur moi. Ridicule, je sais, ce n'est qu'une robe, soit 1,50 mètre de tissu à R$9,00 le mètre, et quelques heures de couture. Bref, pas la fin du monde à priori. Sauf que le miroir me renvoit une sentence couperet : "t'es nulle!" En gros, ma vie est fichue, je n'ai plus qu'à me finir à la caïpirinha [sens de la mesure]. Et là je me suis souvenue d'un article que j'avais lu dans le cadre de mes recherches sur les techniques de ventes, qui disait comment rebondir après un échec. Rien de tel lorsqu'on est dans le creu de la vague, de faire appel à son mentor, et si on en avait pas sous la main, de prendre un mentor historique insispirant. C'est à ce moment là que Churchill a débarqué. vous noterez qu'il s'est plus incrusté qu'il n'a été convie, mais je me suis dit que ça ne me ferait pas de mal de bénéficier des conseils d'un ancien dirigeant :
Ce n'était pas comme si la robe était trop petite, elle était juste trop grande (ça m'apprendra à faire des toiles tiens...), rien n'était foutu, c'est simple, il suffisait de reprendre sur les côtés! hum, ce n'est pas comme si j'avais cousu la doublure en plus, avec finitions à la main au niveau de la fermeture éclair... Ah si... Grrrr haaaaa! Winston m'enjoint à ne pas m'énerver, ni m'appitoyer et de me reprendre en main : je vais modifier cette robe!
Bon, ce n'est pas grave, Oprah Winfrey aurait dit de prendre ça comme une "leçon mémorable", c'est à dire que lorsqu'on s'aventure dans une marque de patron inconnue, il est nécessaire de faire une toile pour vérifier le seyant sur sa morphologie. Peut être que je devrais même le copier 100 fois pour être sûre de ne pas oublier. Ou 1000, c'est plus sûr.
J'ai bien fait les choses : j'ai épinglé la robe géantes sur mon mannequin en épinglant et mesurant le surplus. Précisément au millimètre près. Alors pourquoi ai-je rajouté 5 mm supplémentaires eu moment de coudre, hein? J'entends encore la petite voix dans ma tête me souffler "ça serait trop bête que tu doives tout recommencer, prends quelques mm en plus de sûreté, ça sera bien ajusté, ça ne peut pas faire de mal" J'ai même cru entendre à la fin les Sssss Sssss du serpent à sonnettes, mais sur le coup je n'y ai pas prêté attention. J'aurais dû! Car cette robe, elle est trop petite maintenant!
Là cétait vraiment le drame. si, je vous assure, je donne le change sur les photos, on dirait que cette robe est faite pour moi et qu'elle tombe merveilleusement bien [notez que mon humilité n'aura pas été atteinte par cette épreuve]. La magie de la manipulation d'image... En vrai je suis en apnée pour éviter de craquer la robe. Donc non, elle ne me va pas du tout.
T'as raison Winston, je ferai mieux la prochaine fois. Et en attendant, vu qu'il ne faut pas se laisser abattre, tu prendras bien une petite bouteille de cachaça avec moi?
Et vous, vous les gérez comment vos échecs en couture?