[La Brume de Darwin] et une Ondée d'évolution
Je retire absolument tout ce que j'ai pu dire sur la douceur de l'automne brésilien, TOUT! Depuis mon dernier article, un peu comme si les dieux de la météo avaient voulus se venger de mon effronterie publique concernant les saisons, le froid s'est abattu sauvagement sur ma contrée brésilienne. Pas sur le pays en entier, non, parce qu'il paraît que sur la côte carioca, à quelques kilomètres d'ici, le badigeonnement de crème solaire est encore de mise. Juste ici donc, dans l'état Paulista. J'ai vaincu mes réticences psychologiques à sortir mes bottes, mes collants et mon écharpe et je m'emitouffle dedans avec joie pour affronter le grand froid. 17°C Ouaip la vraie angoisse hivernale!
Mes interlocuteurs brésiliens pur souche m'observent mi-inquiets, devant mes tremblement de feuille gelée, et mi-amusés, devant les 3/4 de mon visage engloutis par l'écharpe en laine : "c'est marrant, on se demande comment tu as fait pour survivre dans un pays aussi froid que le tien avant de venir ici". J'aurais bien répondu avec une ironie cinglante que dans mon pays à moi il n'y a pas de pingoins qui y vivent contrairement au pays ou je suis actuellement, preuve irréfutable du froid polaire ambiant (c'est totalement véridique mais par contre ils sont uniquement dans la pointe la plus au Sud du pays) si ce n'est qu'au Brésil tudo bem et puis que surtout, moi aussi je me pose la même question!!
Serait-ce une manifestation de l'évolution de Darwin? Il paraîtrait que durant notre vie, on a au moins 5 pour cent de notre patrimoine génétique qui évolue et qui se retrouvent donc différent de celui qu'on avait à notre naissance... Mon gêne de chaleur centrale (comme les sièges auto dernier cri) aurait-il donc migré vers une version "refroidissement centralisé"? Ce phénomène de mutation génétique fulgurant et hyper flippant, à moins que ce ne soit le choc thermique extrême, explique peut être mon amnésie complète et fulgurante, elle-aussi, de mon aversion totale pour les tailles hautes. Cette hauteur de taille qui la comprime, la serre, l'étouffe, la boudine... La taille rôti ficelé quoi. Et bien cette taille rôti, les deux nouveaux patrons de la marque Deer and Doe, la jupe Brume et le sweat Ondée en étaient pourvus. Ce qui ne m'a pas empêchée, ni même un tant soit peu freinée, d'acheter immédiatement après leur arrivée en boutique ces deux petits nouveaux qui devaient venir rejoindre la grande famille bien droite et alignée en place d'honneur sur mon étagère à patrons. L'amnésie je vous dis! A moins que ce soit la cécité induite par mon aveuglement amoureux pour la marque...
Parfois, l'évolution humaine, et Darwin en particulier, a du bon. Paraîtrait que c'est pour mieux s'adapter à notre environnement, lui aussi changeant (et comment!). Toujours est-il qu'à peine débarqués dans ma boîte aux lettres, les deux patrons ont été déballés, décalqués et découpés! En deux temps et trois mouvements, une Brume noire est arrivée, rejointe peu après d'une Ondée de fleurs jaunes. Si Brume n'a aucun mal à s'adapter aux changements de température, Ondée, lui, se fait un peu plus frileux. On pourrait pointer du doigts mon neuneurisme qui m'amène à coudre systématiquement des manches courtes en période de grand froid, si ce n'est que c'était la seule solution pour rentrer dans les chutes de mes coupons chéris et adorés. Le premier coupon a servi à coudre dans l'urgence une belle Moneta de pacs (modifiée d'après l'auto-hacking de Colette) pour une amie-collègue tandis que l'autre ne devait souffrir d'aucune perte, dû déjà au trop grand nombre de projets endeuillés qui ne pourraient pas être cousus dedans... Si les textes sacrés font parfois part de la multiplication des pains, les tissus paraissent avoir malheureusement et inexplicablement échappé à cette possibilité miraculeuse... Peut être que, l'évolution aidant, un nouveau gêne mutera et permettra de faire de ce rêve hypothétique une banale réalité... il reste bien au moins un petit pourcentage de gêne dans la file d'attente de la mutation non?
Bon, sinon, en attendant, on se creuse donc la tête pour faire rentrer tout ce qu'on peut dans le peu de ce que l'on a. Et puis on se planquee dans une grotte de protection thermique, telle que la couette, en attendant que les grands froids passent et que l'évolution continue son oeuvre...