[La Jupe hôtesse] et le deuil de ma taille psychologique
N'ayant pas encore d'enfant, je ne porte donc pas encore grand intérêt aux patrons et modèles pour ces chères petites têtes blondes (ou brunes! ou sans cheveux! Puisqu'après tout j'étais chauve jusqu'à l'âge d'un an au moins...). Je n'ai donc découvert l'univers d'Ivanne Soufflet qu'avec la sortie récente de son nouveau livre Grains de Couture Hommes et Femmes qui m'a séduite dans la délicatesse et l'élégance de ses modèles originaux, un brin romantique et que l'on peut facilement s'approprier. J'ai également découvert son univers via son blog GRAINS de MAIS et à travers lui le gros travail de cette créatrice. L'un de ces récents posts Une histoire de TAILLE - et de bien aller m'a ouvert les yeux sur l'importance de l'utilisation des barêmes de taille de chaque patron, de connaître son corps et ses propres mesures et surtout, le poids de la taille psychologique, cette petite case où nous rangent ces marques du prêt à porter, qui rassurent ou qui jugent relayé par toute la pression sociale et la presse féminine.
Ainsi dans le commerce et en fonction des enseignes, je me balade entre le XS, le 34 et le 36. Naïvement, et sûrement paresseusement, je me basais sur du 36 pour couper tous mes patrons, en pestant au passage contre certains "oh punaise ils sont mal fichus!". Hum Hum... Bizarrement, lorsque je couds pour d'autres, je me base essentiellement et toujours sur les mesures de leur corps que j'ai soigneusement notées, et pour moi, non jamais. L'impression, sans doute, de connaître mon corps parfaitement à force de le cotôyer tous les jours... Et pourtant!
Ce n'ai pourtant pas un patron d'Ivanne Soufflet que j'ai l'intention de présenter mais un modèle du livre Un été Couture de Géraldine Debeauvais du blog République du Chiffon : la jupe hôtesse. C'est un modèle peu présent sur la blogosphère car peut être trop simple et basique, mais justement, des jupes basiques pour aller au travail, j'en manque cruellement! Cette jupe était donc sur ma TDL depuis un moment déjà!
Hop, un soir où l'envie m'en prit, j'ai donc découpé le patron assurée et confiante dans mon 36 habituel et ai cousu les 4 pièces en un tour de main! Et puis au moment de l'essayage, ma déconvenue est arrivée. Oui, je rentre dedans sans problème, mais je dois avouer qu'il me sera impossible de la porter une journée entière! (cela reste un futur hypothétique car je n'ai pas essayé mais l'envie de passer la journée à rentrer le ventre et retenir mon souffle, ne se fait pas pressante.) Ce n'est donc pas un franc succès couture pour un vêtement qui se veut basique et donc portable au quotidien. Car la beauté n'exclut pas le confortable chez moi. Je terminais donc ma soirée à ruminer et à pester contre un patron de plus "mal fichu" quand je suis tombée sur l'article expliquant cette histoire de taille.
Et ça a fait TILT
Oui, c'est sûr que ça aurait pu faire tilt avant, et que déjà, en tant que couturière émérite, je ne devrais jamais négliger de faire des toiles, et franchement, oh comment n'ai-je pu ne pas penser une seule fois à prendre mes mesures avant ne serait-ce que penser à coudre quelque chose pour moi?
Peut être que parce que que ma seule manière d'apprendre c'est de faire et de me tromper.
Ainsi j'ai appris ce soir là l'importance de l'évidence de connaître ses propres mesures corporelles. Et à ma grande surprise, celles ci ne sont pas un 36... La sentence du mètre ruban est sans appel : 86 - 69 - 94,5 (le 0,5 c'est pour le moral). En fonction des tableaux de mesures de chaque patron, je ferais en général un 36 en haut et... un bon 38 du bas Il faut donc croire que le régime PVFS n'est pas sans séquelle!) Psychologiquement, c'est un peu dur à accepter, c'est comme si on m'annonçait que au final je n'étais pas châtain mais blonde, ou que je ne faisais pas un 39 mais un 41 en pointure de pied. En bref, mon vrai moi, ne correspondait pas à ce que je pensais.
Et là j'ai pensé à deux choses : premièrement, au sketch de Gad Elmaleh "L'autre c'est moi" quand le couple fait ses emplettes dans le temple de la dispute (traduisez le magasin des étagères Smugdublick) en se baladant avec le fameux mètre ruban, que la nana veut acheter tel meuble et que l'homme hurle "vas y, prend-le, ça ne rentrera jamais mais prend le!", et deuxièmement, aux gars du marketing... Ils sont forts quand même à nous laisser croire des choses fausses et nous, pauvres innocentes, on plonge allègrement dedans la tête la première.
Et dans la même folie qui peut nous prendre chez le magasin aux canapés Viskuind lorsqu'on a un mètre ruban dans les mains, j'ai eu envie de tout mesurer avec une certaine curiosité. Hop, le tibia, l'épaule-coude le mollet... "tiens, j'aurais dit plus!" ou là "han, c'est petit en fait!"
Bon, en attendant de me coudre d'autres petites choses à ma VRAIE taille, si je veux mettre ma jupe hotesse, il va falloir faire quelques sacrifices du type... je ne mangerai plus jamais de chocolat, je ferai quotidiennement des séries de 30 abdos ou 50 c'est mieux... ou... Bon, je me coudrai une nouvelle jupe en fait.