[Carnage au découd-vite] Le manteau rescapé

11 novembre 2013

Quand j'étais plus jeune, j'adorais écrire des histoires, et particulièrement des histoires qui faisaient peur, incluant des éléments primordiaux telles que des forêts sombres, des pleines lunes sans nuages, des maisons abandonnées et des chouettes ululantes. La nuit d'Halloween était mon sujet préféré...

Que se passent-ils lorsque d'affreuses citrouilles maléfiques s'invitent dans un projet couture?

L'histoire commence en juin par la création d'une veste innocente en vue de quitter le trench noir, indispensable à cause de la température hors saison [petit rappel du contexte : mi-juin = pluies de grêles] mais de couleur déprimante par rapport à la saison annoncée estivale par le calendrier. Cette veste Pavot serait donc beige lumineux et doublée cette fois -ci en rose bisounours, en bref, un appel à la lumière.

A quel moment la malédiction est-elle apparue? Ai-je continué à coudre un soir alors que les douze coups de minuit retentissaient en même temps? Ai-je renversé malencontreusement une goutte de potion bordeaux magique?

Toujours est-il que la veste est tombée dans l'oubli du sac des en-cours quelques mois, hantée seulement par quelques moutons de poussières jusqu'à être réveillée, un beau jour de grand orage, où la pluie faisait rage dehors, les feuilles commençaient à tomber, le vent faisait claquer les volets et les branches nues craquaient sinistrement. Pous sûr, les beaux jours partaient et l'effet de chair de poule avec les poils hérissés sur mes bras témoignaient qu'ils était temps de les recouvrir d'une nouvelle couche chaude.

Mais seulement voilà dans ma volonté de bien réussir ma doublure, j'ai réalisé de savants calculs géométriques afin qu'elle tombe pil poil... Sauf que je ne compends toujours pas comment mes calculs pourtant d'une logique implacable se sont avérés faux... Mais que je m'en suis rendue compte APRES avoir tout cousu... A moins d'arrêter définitivement de m'alimenter ou d'acheter un corset spécial pour perdre une taille, voire deux dans l'espoir hypothétique de pouvoir fermer la veste je devais me rendre à l'évidence...

A cet instant je me suis demandée sincèrement s'il était vraiment utile après tout d'avoir une veste qui peut se fermer quand il vente ou qu'il pleut? Un peu quand vous tombée amoureuse d'une paire de chaussure mais qu'elles ne sont plus qu'en une taille qui est plus petite que la vôtre mais que vous songez tout de même à vous couper un bras pour les acheter en vous disant naïvement que votre pied s'y fera [Avouez que vous y avez déjà songé!!!]

Soyons sincères : ces chaussures ne seront jamais mises, comme cette veste si elle restait en l'état...

La doublure était bonne à jeter et je devais tout découdre. Recouper et recoudre une nouvelle doublure qui ne serait de toute évidence pas assortie à l'envers du col.

J'avoue qu'à ce moment là j'ai failli manger ma veste d'énervement.

J'ai ravalé mon impatience et ma frustration, sorti mon arme tranchante pour découper ma nouvelle victime tissée, en faisant gicler de part et d'autres moumoutes et petits fils [Dexter sort de ce corps...], mes doigts ont ensuite habilement éviter les différentes attaques de l'aiguille transperçante jusqu'au résultat final : une veste enfin finie!

Enfin... quasiment finie, ne maquaient plus que les boutons

C'est là que tout a dérapé... Le découd-vite échauffé par son travail de lacération de feu-doublure-rose en voulait plus! Je n'ai pas pu l'arrêter, mon doigts a failli y passer (pour preuve une petite tâche de sang sur la parmenture) et il a méthodiquement déchiqueté les boutonnières.

Argh!

C'est ce qui arrive lorsqu'on sort une créature dangereuse de son profond sommeil... J'avoue qu'à ce moment là, j'ai une nouvelle fois failli manger ma veste après l'avoir découpée en de tous petits morceaux.

J'ai pourtant recousu les morceaux consciencieusement et je porte à présent cette veste, tout en restant bien à l'écart du découd-vite... on ne sait jamais ce qui arriverait s'il venait de nouveau à se réveiller