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"Le bouton ne tient qu'à un fil" [Mia]
11 août 2013

[Expo] La mécanique des dessous

"Baleine!", "Queue d'écrevisse!", "Faux-cul!", "Pouf!", je n'aime pas beaucoup la tournure que prend les événements...

Pourtant, pas de panique, je n'ai pas été témoin d'une violente dispute aux injures envolées mais suis allée faire un petit tour du côté du Musée des Arts décoratifs à l'exposition de La mécanique des dessous, une histoire indiscrète de la silhouette.

La mécanique des dessous - Une histoire indiscrète de la silhouette

Télécharger le dépliant de l'exposition

L'exposition présente depuis le XIV° siècle, c'est à dire l'époque de la fin du Moyen Age, où l'on peut commencer à mesurer tout le poids du vêtement, à quel point il peut envelopper, travestir et masquer le corps, jusqu'à nos jours, où l'on préfèrera parler de "shapewear" plutôt que de "gaine", toutes les mécaniques, outils, engins utilisés pour transformer le corps et donc modifier la silhouette.

Petit résumé de l'histoire de cette mécanique et extraits choisis du catalogue de l'exposition :

"Il est fréquent de lire çà et là, dans des ouvrages sur l’histoire du costume, que le Moyen Âge, et plus particulièrement le XIVesiècle, a inventé la mode.

Lorsqu’il est ajusté par endroits, le vêtement médiéval peut servir à la fidèle révélation formelle du corps, à l’exemple du gant qui épouse la main et en souligne l’anatomie. Cependant, il révèle moins les formes du corps en le suivant dans son dédale de courbes et de contre-courbes qu’en en donnant une forme différente en falsifiant le corps support. Le vêtement enlève ici, ajoute là ; bref, il modèle, crée un corps nouveau. Ainsi, le corps naturel n’existe pas ; il y a bel et bien un corps culturel, dessiné par une silhouette caractéristique d’un instant. C’est peut-être ici que l’on pourrait suggérer l’idée de mode à la fin du Moyen Âge : non pas par l’apparition d’une nouvelle forme d’habit, mais peut-être davantage par une conscience plus concrète de la silhouette et, plus encore, par l’idée qui fait du vêtement un faiseur de corps."

Le XVIII° siècle, lui, voit apparaître la mécanique du maintien de la silhouette via l'utilisation des paniers et corps à baleines. Ce maintien, et la démarche y inhérente, imposé au corps féminin, était un enjeu essentiel dans la société de l'Ancien Régime en affichant le statut de noblesse privilégiée.

les dessous mécaniques

En h. : fraise et gonfle-manche - En b. corset et crinoline. Juste à côté : queue d'écrevisse. Conclusion de l'essayage : on ne peut pas bouger.

"Au début du XXe siècle, les dessous féminins connaissent un changement sans précédent. Après des siècles de corset baleiné, les sous-vêtements modernes apparaissent avec l’avènement de la gaine et du soutien-gorge. Ainsi, le XXe siècle a longtemps été regardé comme celui de la disparition du corset, premier pas vers l’affirmation progressive d’une libération corporelle pour les femmes, mise en relation avec l’émergence d’un nouveau modèle féminin : celui de la femme active."

Pour autant, la disparition du corset n'a pas été complète et totale  : celui a certes disparu physiquement mais pour être "intériorisé", "[...] remplacé par un corset invisible, psychique : la silhouette féminine depuis le début du siècle n'a cessé de s'allonger, de s'étirer, et la minceur s'est imposée comme un modèle durable. Le sport, les régimes et, plus récemment, la chirurgie esthétique scultptent désormais le corps et rmplacent le corset d'autrefois"

Les Hommes ne sont pas en reste de modifications corporelles, mais beaucoup moins douloureuses héhé pas fous les bourdons : ils trichent juste en se rajoutant tantôt des pourpoints ou ceintures d'abdomen, tantôt en gonflant la braguette ou les mollets, symboles de virilité. M'est avis qu'à l'époque, vous ne deviez pas trop rigoler lorsque vous vous retrouviez devant une armée de soldats portant des armures toutes en érection...Toujours est-il que je ne penserai plus jamais à Montaigne de la même manière...

Le constat, et la conclusion de l'exposition est sans appel, surtout lorsque vous vous retrouvez avec quelques frissons dans le dos devant la rangée des différents mannequins modifiés pour pouvoir accueillir les différents dessous, témoins des transformations successives apportées au corps au fil des siècles : "[...] il n'y a pas de corps naturel mais un corps culturel. Le corps est le reflet de la société qui a précédé à sa création."

 

PS : Un peu inquiète tout de même du sort du corps de la femme au cours des siècles, et encore affublée de ma crinoline et de mon corset, j'ai demandé à l'un des conservateurs du musée : "dites moi Monsieur, les femmes se devaient de garder ces engins 10h dans la journée sans bouger?" "Oh non, elles mettaient ça pour sortir ou recevoir. Autrement, le reste du temps, elles portaient chez elle comme des "pantalons de gendarme" [je cite le Monsieur], des pantalons cintrés en lin ou coton qu'elles gardaient sous leur robe"

Aaaaaaaah. Me voilà rassurée : le pantalon de pyjama est donc la valeur sûre féminine. A 5 siècles de différence, on se comprend.

 

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Commentaires
[Mia] L'auteur
Petite fille de deux couturières de métier, descendante d'une ch'tite famille de tisserand de dentelle, j'essaye de reprendre dignemenent l'aiguille pour continuer des ouvrages au fil des dimanches après-midi pluvieux...

Blackbird

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